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lundi 28 février 2011

effeuillage

se défaire de l'écorce,
s'affranchir,
l'envol,
une tentation

dimanche 27 février 2011


  Paysages avec figures absentes Philippe Jaccottet

(...) C'était d'abord, le long de la ligne d'horizon, une bande dorée, puis, au-dessus de celle-ci, un cercle rose, ou l'épanouissement d'une rose, ou mieux un poudroiement rose tendant confusément au cercle. Alors qu'en bas le paysage fonçait, ne gardant pour toute clarté que les champs couleur de paille, de grandes étendues de paille humide. Un paysage couleur de paille et de fumier, une grande écurie glacée. Et là au-dessus, encore une fois, comment dire, comment ne pas trahir ce qu'on a vu, au bas du ciel, cette lumière rose et or ? On pense rapidement, tour à tour : ostensoir, joaillerie, Byzance, auréole, nimbe... Encensoir aussi, fumée, et dans la fumée, là où elle se défait, une seule étoile, cristalline. Pourtant, c'est encore autre chose, de plus surprenant, de plus fort, de plus simple. Prononcer des mots comme ostensoir, encensoir c'est encore égarer l'esprit. On sent qu'il faut chercher plus profondément en soi ce qui est atteint et surtout l'exprimer plus immédiatement. On a été touché comme par une flèche, un regard. Tout de suite, avant toute pensée : comme par un astre dans une étable. En bas, ce sombre humide, cette couleur de bois et de paille, ces vapeurs comme il s'en élève du crottin, (l'hiver, la pauvreté), et en haut cette luminosité magique, que les mots or et rose trahissent en le figeant, et non moins en l'associant à des images qui ne lui conviennent qu'en marge. Il faudrait parler plutôt d'un poudroiement de feu, d'une ouverture et aussi d'une ascension, d'une transfiguration, frôlant ainsi sans cesse des idées religieuses, quand les frôler seulement est déjà trop ; car c'est cela, et c'est toujours autre chose encore. Car ce sont les choses qui sont telles, terre et ciel, nuées, sillons, broussailles, étoiles ; ce sont les choses seules qui se transfigurent, n'étant absolument pas des symboles, étant le monde où l'on respire, où l'on meurt quand le souffle n'en peut plus.

... Mais, ce soir-là, une vue plus déchirante et plus secrète encore m'attendait quand, la rue ayant tourné vers l'horizon opposé, le levant, j'aperçus au-dessus des murs et des toits, entre les rares arbres, la montagne basse éclairée par le soir, juste veinée de très peu de neige à la cime. Je sais encore moins comment elle me parla, ce qu'elle me dit. C'était une fois de plus l'énigmatique luminosité du crépuscule une transparence et un suspens extrêmes, tout ce qu'essaie d'évoquer le mot "limpide", et c'était aussi autre chose, qu'il faudrait le langage des anges pour signifier avec justesse (encore qu'il s'agisse du plus humble, du plus proche, du plus commun) : comme si l'air planait, pareil à un grand rapace invisible, tenant le monde suspendu dans ses serres ou rien que dans son regard, comme si une grande roue de plumes très lentement tournait autour d'une lampe visible seulement par son halo...

   Paysages qui emportent l'esprit, qui le ravissent, l'entraînent dans leur labyrinthe où brille le fil des eaux ; guides du regard amoureusement attaché à cette lampe intermittente, dont on ne sait qui la tient, et que l'on croit parfois voir (mais n'est-ce pas trop céder à l'illusion?) déjà sur l'autre rive, déjà rendant le jour à des corps depuis si longtemps endormis...

jeudi 17 février 2011

chambre des filles

et de l'autre côté du jardin, si proche, un eldorado, le royaume de 

mercredi 16 février 2011

"Les questions sans réponse sont comme un portemanteau sans manteau : tôt ou tard on y suspend quelque chose."


La maladie humaine Ferdinando Camon

     Un groupe qui parle détient un immense pouvoir de séduction : c'est un poète collectif. (...) On connaît quelqu'un quand on connaît ce qu'il imagine et ce qu'il rêve. C'est là qu'est son fin fond, son ressort secret, en un lieu qu'il ignore lui-même. Il vient et dit: "Qui suis-je? ", rejoint les autres et ensemble ils cherchent une réponse.
     C'est en quoi l'expérience de Bàart était à la fois merveilleuse et ratée. En se groupant et en cherchant ensemble, ils n'essayaient plus en réalité de répondre à la question "Qui suis-je?" mais à la question "Qui sommes-nous?"
     En un premier temps, le moi devait devenir nous ; on s'interrogeait ensuite sur son compte. De sorte que la question initiale, celle qui m'avait conduit là, ne pouvait plus jamais recevoir de réponse. C'était un peu comme si, pendant un orage, un voyageur égaré entrait dans une chaumière pour demander: "Quel est le chemin de la ville?" et qu'on lui répondît : "Pour rejoindre la forêt, tournez à droite". Le collectif de Bàart était un groupe de voyageurs qui ayant perdu la route de la ville étaient satisfaits de se retrouver dans la forêt.
     Ils y avaient construit une ville en miniature, une caricature de ville. (...) De temps à autre (...) arrivaient des journalistes, des curieux, des opérateurs de la Rai-TV ou des télévisions privées, qui filmaient les séances, prenaient des notes, prenaient des photos et posaient même des questions. Rien ne trahissait leur qualité d'étrangers comme leur parole. Le ronronnement des caméras, l'éclair des flashes ne nous dérangeaient aucunement, c'étaient des instruments qui ne nous regardaient pas : mais dans cet enclos, entre ces murs, leur parole, leur usage de la parole nous paralysait et nous choquait comme un sacrilège. La parole n'était pas le vecteur ou le signe de notre mal. C'est la "langue" qui était malade. (...) De même les interventions absurdes, impossibles, obtuses, bref normales des curieux, des journalistes, des envoyés spéciaux irritaient les plaies déjà infectées de notre groupe (...)
     Les questions sans réponse sont comme un portemanteau sans manteau : tôt ou tard on y suspend quelque chose. (...) Je m'aperçus progressivement qu'entrer dans le groupe voulait dire perdre son individualité, devenir un fantôme. L'usage des seuls prénoms ou surnoms n'avait pas d'autre but : coupé de sa propre identité, chacun devenait personne. Nous aurions pu aussi bien nous désigner par des numéros. Notre association était spontanée, mais anonyme ; sincère et profonde, mais dépersonnalisée ; sentimentale, érotique et sexuelle, mais sans visage : tels les rencontres et les appels des radio-amateurs qui se disent : "Tu as la voix très douce, K 82, cette nuit j'ai rêvé que je faisais l'amour avec toi. » Une nuit tu mets tout en place, à 22 h 15 comme d'habitude, tu sors l'antenne par la fenêtre et appelles K 82, tu veux poursuivre votre relation amoureuse. K 82 ne répond pas. Tu la cherches un moment dans l'éther, tes ondes ratissent au peigne fin l'ionosphère : K 82 a disparu. À sa place, voici WF 66. Ce WF 66, c'est la nouveauté, l'enthousiasme, il te suit partout, il te corne aux oreilles: "Tu m'entends? Réponds », tu l'entends et tu finiras par lui répondre. De la disparition de K 82, personne ne se soucie : ce n'est pas elle que cherchaient les autres radio-amateurs, chacun cherchait quelqu'un mais personne en particulier.

mardi 15 février 2011

lundi 14 février 2011

une pendule arrêtée



un feu éteint,

miséricorde

dimanche 13 février 2011

Marché du samedi (2)

Quand on lui a pris les clefs du tracteur, ça a été fini. Il n'a pas supporté Son regard délicat un regard bleu usé de larmes se perd dans le vague, Mon fils autre douleur ne veut pas aller lui rendre visite à la maison de retraite, il ne peut pas, puis des mots qui hésitent, déchirent, vous comprenez, il l'a vu lever la main sur moi

samedi 12 février 2011

La poésie doit être faite par tous, non par un

Voleurs de feu F. Bon, illustrations F. Place

JE VOUS ÉCRIS D'UN PAYS PESANT      
Edmond Jabès  (L'Ecorce du Monde, éd. Seghers, 1955)

Aussi belle que la main de l'aimée
sur la mer.
Aussi seule.

J'écris pour vous. La douleur est un coquillage. On y écoute
     perler le cœur.

J'écris pour vous, au seuil de l'idylle, pour la plante aux feuilles
     d'eau, aux épines de flammes, pour la rose d'Amour.
J'écris pour rien, pour les mots luisants que trace ma mort, pour
     l'instant de vie éternellement dû.

Aussi belle que la main de l'aimée
sur le signe.
Aussi seule.

J'écris pour tous. Je vous écris d'un pays, pesant, comme les pas
     du forçat, d'une ville pareille aux autres, où les cris camou-
     flés, se tordent dans les vitrines ; d'une chambre où les cils,
     ont détruit, petit à petit, le silence.                    
Vous êtes, destinatrice prédestinée, ma raison d'écrire ; l'inspi-
     ratrice joyeuse du jour et de la nuit.
Vous êtes le col du cygne assoiffé d'azur.

Aussi belle que la main de l'aimée
sur les yeux.
Aussi douce.

Je vous écris avec la chair des mots accourus, haletants et
     rouges.
C'est bien vous qu'ils entourent. Je suis tous les mots qui m'ha-
     bitent et chacun d'eux vous magnifie avec ma voix. J'ai
     besoin de vous pour aimer, pour être aimé des mots qui
     m'élisent. J'ai besoin de souffrir de vos griffes afin de sur-
     vivre aux blessures du poème.

Flèche et cible, alternativement. J'ai besoin d'être à votre merci
pour me libérer de moi-même.

Les mots m'ont appris à me méfier des objets qu'ils incarnent.
Le visage est le refuge des yeux pourchassés. J'aspire à devenir
     aveugle.

Aussi belle que la main de l'aimée
sur le sourire de l'enfant.
Aussi transparente.

Je songe aux jouets de mes cinq ans. Une fois miens, ils furent
     les maîtres. Je croyais pouvoir, avant qu'on me les offrit,
     les manier à ma fantaisie. Je m'aperçus très vite que je
     pouvais les détruire au gré de mon humeur; mais si
     je les voulais vivants, que je devais respecter leur mécanisme,
     leur âme immortelle.
Ainsi le langage.

Je dois aux mots la joie et les larmes de mes cahiers d'écolier,
     de mes carnets d'adulte.
Et aussi ma solitude.
Je dois aux mots mon inquiétude. Je m'efforce de répondre à
     leurs questions qui sont mes brûlantes interrogations.

vendredi 11 février 2011

jalousies

le temps a passé si vite, 

jeudi 10 février 2011

ton abricot... mon papa dit la tirelire...

mercredi 9 février 2011

il apprendra... ogi bihi gaineko xoria... (l'oiseau d'au-dessus le blé)... oui, ça veut dire celui qui est gâté... on l'a entendu quelquefois...

mardi 8 février 2011

la totoche

elle s'est arrêtée, des chaussures, un joli reflet dans la vitrine, elle hésite, ce serait bon d'entrer...  mais il la presse, tire la manche de son manteau... un soupir résigné et reprend sa route dans son sillage, le doudou traîne... quelques mètres plus loin, le drame, des pleurs, la voilà définitivement arrêtée, inconsolable... perdue, elle est perdue... retourner sur ses pas, à quoi bon, il trépigne, hurle Si tu continues, je te laisse à la DASS

lundi 7 février 2011

cahier du jour 10 décembre 1963 - 17 janvier 1964 (1)

Morale
je ne dépense pas tout l'argent que l'on me donne.
(...)
Calcul
Un épicier a reçu une caisse de 144 œufs : il en a déjà vendu 2 douzaines. Combien lui en reste-t-il ?

dimanche 6 février 2011

vers Deba

la mer au fond,  le printemps, une journée douce, marcher,
passer devant une ferme, Quel goût ça peut bien avoir un poulet élevé là, s'en vouloir d'une pensée aussi terre à terre, 
plus loin, un écriteau, Restaurante, tentant...

samedi 5 février 2011

On se déplaçait

en troupeau,
et toujours on était parqués,
contenus
mais au moment de se gratter le dos,
le plus souvent,
on se retrouvait seuls

vendredi 4 février 2011

Haranbeltz
passer en voiture à la hauteur du cimetière, s'exclamer, presqu'un reproche Tiens, tu m'avais pas dit... y a des Japonais enterrés ici ? son silence perplexe, se reprendre très vite Garaiko... de Garai... je sais pas où j'avais la tête.

jeudi 3 février 2011

Place Gramont, dimanche matin

 le goût de notre temps... savourer... entre deux pages,

 

mercredi 2 février 2011

La République des Pyrénées 27 janvier 2011

Par Evelyne Lahana et Gérard Cayron
Publié le 27 janvier 2011 à 04h00
Mis à jour à 08h04 
Accident au Stade Tissié de Pau, un marronnier tombe sur un camion de la ville et tue un employé municipal (Photo Marc Zirnheld)


(...) Il n'était pas malade
Tous les dix ans, les services de la mairie effectuent un contrôle visuel : « Le dernier datait de juillet 2009. Depuis ces constatations, l'arbre avait été déclaré bien vivant et avait pris vingt centimètres de circonférence pour atteindre 2,80 mètres. Il n'était pas malade et ne présentait aucun signe de dégénérescence. (...) ». Le bémol est venu de Christian Vallet, directeur du pôle gestion du domaine public : « Cet arbre était très contraint au niveau de son espace racinaire. Ses racines étaient très insuffisantes pour le maintenir en équilibre. (...) ».

mardi 1 février 2011

échappé de la cognée, tombé sur le chemin, un signe