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samedi 21 février 2015

de ces petits cailloux que l'on laisse derrière soi,


Ricola - bonbons. Purée - poème pour voyage,

des histoires drôles recopiées "Dans sa chambre un fou fait de l'équilibre sur les mains. C'est très bien ce que vous faites, lui dit l'infirmier, mais ce doit être terriblement fatigant. Le fou tourne légèrement la tête vers lui et explique - Oh ! faire de l'équilibre, ce n'est pas tellement difficile. Le plus dur, c'est de tenir la Terre à bout de bras,"


des pages blanches, succession et héritage, Veuillez me faire parvenir guide pratique notre temps, total de ma commande 85 F,




des opérations et encore des opérations,


lait-huile-pomme de terre bintje -vin-journal Fée du logis-eau de toilette-fruit-pharmacie-beurre,


6 heures moins 1/4, monter le réveil à 4 heures - au retour faire attention à ma bague,

Esméralda - prendre certaines tisanes la veille du changement de lune - pour le foie, couper le citron - arc-en-ciel . tisane - pour dormir 4 par jour non sucré,


 Esmeralda, pour le pipi au lit faire un matelas de la fougère mâle,


 des anniversaires de mariage, Gilou, Chantal, Francis oui, mais... Jean-Noël ? des dates de naissance,


pour caisse d'épargne il est préférable de déposer fin de quinzaine et de retirer en début le 2 ou le 17, pour Noël, dictionnaire de synonymes, pour raviver les fleurs qui ont souffert un peu les plonger la tige jusqu'à la fleur dans l'eau très chaude en tiran jusqu'à ravivement complet ensuite les plonger dans l'eau froide

mercredi 18 février 2015

"Demain ne suffit pas, moi je veux la durée..."



Oeuvre sur l'eau d'Erri de Luca
traduit de l'italien par Danièle Valin



PRIÈRE D'UN SOLDAT LA NUIT
Preghiera di un soldato di notte



Qui a construit une maison neuve et ne l'a pas habitée
qui a planté une vigne et n'en a rien récolté
qui a une fille promise et ne l'a pas prise
qu'il aille vers l'épouse, le raisin, le foyer
et jouisse de leur possession pendant une année
avant de s'unir aux autres dans la guerre.
Enfin qui a peur, qui est tendre de cœur
qu'il reste chez lui et n'affaiblisse pas le courage
de ses frères en guerre.
J'ai lu ces règles dans les livres sacrés
et j'ai eu le désir d'appartenir à un peuple ancien
de bon cœur avec la jeunesse.
Car j'ai laissé ma récolte en fleurs
ma maison sans toit
et ma fiancée au train.
Je suis une sentinelle de la nuit
sur la crête d'un sommet
dans une guerre sans sommeil.
Les mitrailles criblent la glace à la lumière de la lune
j'attends d'être ébranlé par le tremblement du gel
pour trembler sans vergogne.
J'ai peur du ciel, qu'il ne fasse pas jour
J'ai peur du sol, qu'il m'avale vivant



j'ai peur du souffle qui monte blanc dans la nuit
et fait de moi une cible,
j'ai peur seigneur: pourquoi cela à moi ?
Pourquoi n'ai-je pas le droit de vivre
et dois-je au contraire demander à genoux ?
Demain ne me suffit pas, moi je veux la durée
m'habituer aux années, aller aux noces de mes fils
et dans cette nuit de blasphème sur leurs tombes aussi.
Je veux avoir sommeil près de ma fiancée quand elle aura les cheveux blancs.
Pourquoi dois-je te demander à genoux
de vivre, de profiter jusqu'à la lie de la vie qui me remplit ?
Qui de nous aura droit à cela
ne sera pas le plus juste, ni le meilleur,
ce pourrait être moi aussi, seigneur, tes étoiles
teins-les avec les nuages
que je reste invisible à la mire
et au hasard des éclats, mais même si tu ne peux
me protéger ou que tu ne veux pas
ne laisse pas mon corps sur les cailloux
et mes yeux ne les donne pas aux corbeaux.
Ne me demande pas compte de mes colères
contre toi, je ne sais pas prier dans les larmes.
Quand il gèle les larmes ne sortent pas,
je pleurerai au printemps.

vendredi 13 février 2015

jeudi 12 février 2015

Fenêtre (19)

 

le temps goutte à goute 
des bouts d'hiver sur les toits
il fait bon au chaud

 

vendredi 6 février 2015

"resituer les écureuils de mes souvenirs"


Le-fou-Miguel-Delibes-Verdier-Romans-contemporains

 Le Fou Miguel Delibes
traduit par Dominique Blanc

 
(...) Ça ne m'a pas empêché, aussitôt que du train j'ai aperçu le vieux château d'Henri IV et ses jardins touffus, de resituer les écureuils de mes souvenirs, et, du même coup, quelque chose comme la nostalgie d'une enfance brusquement interrompue s'est agitée en moi. Simultanément j'ai constaté que Pau était, comme je l'imaginais, une ville grise, enveloppée d'une atmosphère grise et calme, et tranquille, comme si elle avait été abandonnée par ses habitants.



   J'avais sur moi l'adresse de l'hôtel, parce qu'auparavant j'avais écrit à la tante Candida et elle m'avait envoyé, également, l'adresse de notre ancienne maison dans cette ville. Si bien qu'en remontant le boulevard des Pyrénées, mon petit David, j'éprouvais la tranquillité d'une destination sûre. Aurita et moi nous marchions lentement, admirant tout sans nous préoccuper du qu’en-dira-t-on. Nous nous arrêtions aux carrefours et déchiffrions les plaques, et à l'entrée de la rue des Cordeliers nous avons demandé la rue Duplaa à un petit vieux qui nous a dit: « Tout droit jusqu'à Saint Jacques. Une fois là, renseignez-vous. » 

 

(...)
 La ville inconnue nous rapprochait l'un de l'autre et l'on aurait dit que les derniers nuages qui menaçaient la paix de notre maison s'étaient dissipés.
 


 Sur la place Albert Ier il y avait des petits massifs et des bancs de bois et, assis sur les bancs, des amoureux en chair et en os qui s'embrassaient et s'enlaçaient comme s'ils avaient froid. Au centre des massifs se dressait la statue d'Albert Ier, mais sans Albert Ier, parce que les Allemands avaient emporté son effigie pour la fondre. Le piédestal était assez ridicule avec son inscription Albert Ier, et tout semblait une plaisanterie de mauvais goût, comme si l'on voulait dire qu'Albert Ier n'avait été que du vent, un pauvre et triste rien-du-tout. Mais les amoureux tout autour n'étaient pas refroidis par cette idée et, en les voyant si enfiévrés, moi je me suis demandé, mon petit David, comment il était possible que ces derniers temps la population décroisse en France.
(...)
La rue Serviez était pratiquement parallèle à celle de la pension, et tout en m'y avançant je ressentais une émotion croissante, mon petit David, et je m'efforçais de revivre des faits passés et des émotions passées sans y parvenir. Je me disais: « Ceci me rappelle, ceci me rappelle. » Mais rien ne me rappelait rien, mon petit David, c'est la vérité, et si je me le disais c'était pour stimuler mon subconscient, quoique sans résultat. Plus je me rapprochais du numéro de notre maison, plus augmentaient l'atonie de mon ventre et la faiblesse de mes genoux. Devant un bar, je me suis arrêté et je l'ai observé avec attention. Je pensais: « Bon, ce bar... » Mais comme je n'arrivais à rien, sinon à accentuer mon inquiétude, j'y suis entré et j'ai commandé un cognac. À la radio, dans un coin, on entendait chanter La Seine. Toute la France chantait La Seine, mon petit David, parce que, même si cette musique est suave et nostalgique, elle pénètre chacun au plus profond.


avec mes remerciements chaleureux à Louis Watt-Owen de La main de singe qui m'a fait découvrir ce livre