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vendredi 26 février 2016

"Sois sans inquiétude, au printemps prochain, nous irons cueillir les jonquilles."


et pensées pour l '"éclosion des jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette" Martine Sonnet / Pierre Bergounioux et "Une grisaille tempérée inocule au matin sa lumière particulière. Autrement dit il pleut sur les jonquilles" de Thomas Vinau


Nous retournerons cueillir les jonquilles


(...) Alors, il n'y est pas ? Parlez-moi franchement.
— Nous ne pouvons pas l'affirmer. Tout ce que nous pouvons vous dire c'est que, dans la dernière quinzaine, il n'est venu personne.
 Il y a quinze jours, Raymond était encore a Romainville. Marcelle est repartie vers d'autres cimetières
*

— Enfin te voilà, s'est écriée la tante en embrassant Marcelle.Je ne savais pas comment te prévenir. Voilà huit jours que j'ai une lettre pour Raymond !
— Oui, Raymond. Tu m'excuseras de l'avoir ouverte Je ne pouvais pas attendre.
Et Marcelle lit sur une feuille de carnet ces lignes griffonnées à la hâte :
« Ma chérie. On nous emmène en Allemagne. Tous les copains que tu connais sont avec moi et vont bien. Sois sans inquiétude, au printemps prochain, nous irons cueillir les jonquilles. Soigne bien mon fils. Je vous aime et vous embrasse tous les deux. Nous vaincrons. Bon courage. » 
 — Qui a porté cette lettre ? demande Marcelle qui ne sait pas encore si elle va rire ou pleurer.
— Une femme. Elle a laissé son adresse.
—  Raymond ! Mon Raymond, crie Marcelle. T est vivant. Je le retrouve.
— Mais pourquoi te parle-t-il d'aller cueillir dé jonquilles ?
— Pour me faire plaisir. Il promet de m'y amer depuis trois ans, et il y a toujours eu quelque chose pour nous empêcher.
 Et Marcelle, les joues inondées de larmes rayonne d'un beau sourire. (p 171-172)

 (...) — Un an déjà.
— Déjà ? Tu en as de bonnes, toi.
— Écoute, lorsque nous sommes arrivés, nous nous disions, ça va durer deux mois. Puis l'été a passé. Nous voilà maintenant à l'automne.
— Crois-tu que ça va durer longtemps encore demande un autre Français.
— J'ai bon espoir.
— Les Russes ont repris Kharkov et approchent du Dniepr, dit Robert.
— Combien de temps nous faudra-t-il attendre encore ?
— C'est assez difficile à dire.
— Crois-tu que ça sera fini pour la fin de l'année ?Je voudrais tant être revenu pour la Noël.
— Peut-être.
— En tout cas, dit Raymond, il faut que ce soit fini au printemps.
— Pourquoi ?
— J'ai promis à ma femme de l'emmener cueillir des jonquilles.
— J'ai bien peur, dit quelqu'un, qui jusqu'à maintenant s'était tenu à l'écart des jeux et de la conversation, que nous n'allions pas jusque-là. (p 195)

(...) A côté de lui le Français qui tout à l'heure avait exprimé ses craintes, se hausse maintenant sur les pieds pour regarder le panier à pains que deux jeunes Russes apportent des cuisines.
 —Hé vieux, dit Raymond, en le poussant du coude, quand je disais que nous les cueillerions, les jonquilles ! (p 197)


XXI

Les jonquilles de Sainte-Assise


 — Tiens, des jonquilles !
 — Tu vois, je tiens mes promesses.
Un éclat de rire salue cette réponse.

(...) C'est seulement à quelques centaines de mètres du village que Marcelle, regardant autour d'elle, vient de découvrir, sous les arbustes, une floraison de jonquilles.
—Je te l'avais dit que je t'y mènerais, répète Raymond tout joyeux.
—Veux-tu te taire, menteur. Personne n'y avait pensé en venant ici.
—Qu'est-ce qu'il y a comme fleurs par là ! Venez voir ! appelle Roger, toujours en avant.
—Et là-bas ! Oh ! Regardez !
De chaque côté de la route, les bois de Sainte-Assise sont tapissés de jonquilles. Il y en a partout. (p 224-225)


 

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